Comportements violents chez les adolescents et adolescentes
La puberté et les transformations émotionnelles, psychologiques et physiques qui l’accompagnent font partie du développement normal d’un adolescent ou d’une adolescente. Il arrive cependant que ces transformations engendrent, chez certains et certaines, des comportements violents dans les différentes sphères de leur vie, comme à la maison. En tant que parent, il est possible de se sentir impuissant et de ne pas savoir comment intervenir à ce sujet. Regardons d’abord ce qui peut amener l’adolescent ou l’adolescente à adopter des comportements violents. Ensuite, nous découvrirons des stratégies efficaces pour favoriser une saine gestion des émotions.
Comment reconnaître l’apparition de signes de violence chez mon adolescent ou mon adolescente?
D’abord, il importe de savoir ce qu’est la violence au sens large. Les comportements violents causent un préjudice immédiat chez une personne victime, et l’agresseur ou l’agresseuse sait que son comportement va nuire à l’autre. Il existe cinq formes de violence (Gouvernement du Québec, 2023). Regardons leur définition accompagnée d’exemples de manifestations au quotidien :
- Psychologique : Utilisée pour avoir ou garder le contrôle sur quelqu’un alors que le respect et le consentement sont absents. Par exemple, critiquer, rabaisser, manipuler, faire du chantage ou des menaces, etc.
- Verbale : Utilisée pour intimider, humilier ou contrôler une personne ou un groupe. Par exemple, intimider, crier sur quelqu’un, humilier, insulter, etc.
- Économique : Utilisée pour faire perdre l’autonomie financière d’une autre personne. Par exemple, obliger une personne à payer pour des dépenses qui ne sont pas les siennes, voler les cartes de crédit d’une personne, priver une personne de ses besoins essentiels comme la nourriture, etc.
- Physique : Peut être manifestée envers une personne, un groupe, des objets, des animaux ou des lieux et elle occasionne de la douleur, des blessures physiques ou des bris. Par exemple, frapper dans un mur, claquer une porte, frapper une autre personne, se battre, pousser, cracher sur quelqu’un, briser ou lancer des objets, etc.
- Sexuelle : A pour but de dominer une personne ou de la déstabiliser en posant tout geste qui n’a pas été consenti, que ce soit avec ou sans contact physique. Par exemple, espionner une personne dans son intimité, montrer ses parties intimes sans consentement, intimider pour avoir une relation sexuelle, etc.
Les comportements violents de certains adolescents et adolescentes peuvent parfois s’inscrire dans un trouble du comportement, mais ce n’est pas toujours le cas. Les comportements violents peuvent aussi découler de difficultés de comportement, ou encore survenir de façon ponctuelle. De plus, l’agressivité se manifeste différemment selon le genre. Par exemple, les filles peuvent avoir tendance à utiliser la violence verbale, tandis que les garçons utilisent davantage la violence physique.
Plusieurs conséquences sont liées à l’adoption de comportements violents chez les adolescents et adolescentes. En effet, ces comportements peuvent avoir des impacts négatifs à court et à long terme, et ce, tant pour la personne qui émet ces comportements que pour celles qui les côtoient, comme les parents. La violence peut mener à une augmentation des problèmes de santé physique et psychologique comme : le développement de problèmes de consommation de substances, les difficultés liées à la gestion des émotions, les problèmes de comportement, les troubles de santé mentale, les comportements d’automutilation et les crises suicidaires. L’adoption de comportements violents chez les adolescents et adolescentes peut également nuire à la relation parent-enfant.
Pourquoi mon adolescent ou mon adolescente adopte des comportements violents?
Différentes causes et facteurs peuvent expliquer pourquoi un adolescent ou une adolescente adopte des comportements violents. Une faible capacité d’empathie, une faible estime de soi, une faible intelligence émotionnelle ou un style d’attachement insécure peuvent augmenter le risque que la personne utilise la violence. Il est aussi possible que la cause des comportements violents soit liée à un mal-être ressenti par l’adolescent ou l’adolescente, par exemple, du stress, de l’angoisse ou différentes difficultés dans sa vie personnelle, scolaire, sociale ou amoureuse. En effet, il n’est pas rare que les comportements de violence soient un moyen pour l’adolescent ou l’adolescente d’exprimer une difficulté ou un besoin sous-jacent.
Enfin, une faible supervision parentale, des pratiques parentales inadéquates et des expériences de violence vécues durant l’enfance peuvent augmenter le risque que l’adolescent ou l’adolescente ait tendance à utiliser la violence comme réponse à son besoin. À l’inverse, un adolescent ou une adolescente qui grandit dans un environnement harmonieux et sain et où les parents assurent une supervision et des méthodes éducatives adéquates a tendance à avoir une meilleure gestion de ses émotions.
Comment alimenter une saine gestion des émotions chez l’adolescent ou l’adolescente?
Les stratégies suivantes sont reconnues comme étant les plus efficaces :
- Améliorer leur estime de soi. Par exemple en les félicitant, en soulignant leurs bons coups, en les remerciant pour des services rendus, etc.
- Augmenter leur capacité à résoudre des problèmes ou des conflits. Concrètement, on peut les guider en privilégiant quatre étapes simples : se calmer, se parler, chercher des solutions ensemble et choisir la meilleure parmi celles-ci.
- Améliorer leurs habiletés sociales et promouvoir une saine communication.
- Il importe que les membres de son entourage agissent comme des modèles en misant sur :
- Les habiletés de communication : écouter, s’excuser, prendre conscience de ses émotions, exprimer de l’affection, partager, etc.
- Les habiletés de maîtrise de la colère, telles que garder le contrôle de soi, refuser d’entrer en conflit, éviter les problèmes, négocier, faire face à sa colère, etc.
- Les habiletés de gestion du stress, notamment : exprimer une insatisfaction, faire face à un malaise, réagir face à l’échec ou faire face à une accusation.
Pour intervenir sur l’adoption de comportements violents, il est préférable d’intervenir sur-le-champ même si les comportements ne sont pas dirigés vers soi. Il importe d’exprimer que de tels comportements sont inacceptables. Plus les limites sont claires, moins l’adolescent ou l’adolescente aura tendance à utiliser la violence.
Garder son calme constitue également une stratégie gagnante. Lorsque l’adolescent ou l’adolescente est calme et qu’il ou elle n’est plus violent, il est important de faire un retour sur les événements. On peut l’encourager à se questionner sur ses émotions et à les nommer, ou encore questionner sa perception des choses et ouvrir la discussion sur ce qui aurait pu être fait autrement. On peut mettre l’accent sur les émotions « cachées » ou sous-jacentes aux comportements violents en sachant que ces comportements inadaptés répondent souvent à un besoin non exprimé. Une belle discussion peut alors émerger!
En cas de besoin, il ne faut pas hésiter à se référer à différents services d’aide qui sont adaptés à la situation vécue, comme :
- Tel-Jeune : https://www.teljeunes.com
- Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) : https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/enfance/services-jeunes-difficulte-famille/protection-de-la-jeunesse/faire-un-signalement-au-dpj/coordonnees-du-dpj
- Centres locaux de services communautaires (CLSC) : https://sante.gouv.qc.ca/repertoire-ressources/clsc/
- Au besoin, vous pouvez consulter le répertoire des programmes et services sociaux adaptés à votre situation, et ce, dans votre région : https://www.211quebecregions.ca
Rappelons-nous que l’adolescence amène son lot de changements psychologiques et émotionnels. Malgré l’adoption de comportements violents, le soutien du parent demeure essentiel pour aider l’adolescent ou l’adolescente à traverser cette période dite de turbulences. En gardant en tête les stratégies efficaces pour prévenir ou intervenir sur les comportements violents, cette étape de vie plus exigeante ne sera que passagère!
Article rédigé par Léa Chamberland, étudiante à la maîtrise en psychoéducation
Références
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