Communiquer avec son adolescente ou adolescent

À l’adolescence, la quête d’autonomie est une étape normale du développement. Bien que normale, elle peut tout de même être source de conflits entre parents et adolescent.e.s. Une saine communication peut permettre de prévenir certains conflits, ou d’en diminuer l’intensité. 

Autonomie à l’adolescence

C’est à l’adolescence que le désir d’autonomie prend une place grandissante : l’adolescent.e désire gagner en indépendance, tout en conservant son lien avec ses figures parentales. Une relation de confiance, où l’adolescent.e a le sentiment de pouvoir compter sur son parent et lui partager ce qui se passe dans sa vie, servira de base solide à sa quête d’autonomie. 

Il existe deux manifestations de cette quête d’autonomie : l’autonomie émotionnelle et l’autonomie comportementale. L’autonomie émotionnelle renvoie à la gestion des émotions et à la mise en place de frontières personnelles. C’est, par exemple, lorsque l’adolescent.e préserve son intimité ou garde certains secrets. L’autonomie comportementale, quant à elle, comprend la maîtrise de ses actions et de leurs conséquences. Dans les deux cas, l’adolescent.e s’émancipe au sein de sa famille ainsi qu’en dehors de celle-ci, ce qui est susceptible d’engendrer des conflits. Il est par exemple possible que des frictions surviennent avec la famille ou les pairs lorsque l’adolescent.e apprend à se débrouiller seul.e dans certaines situations, à faire des choix ou encore à résister aux influences de son entourage. 

Sources de conflits

Les sources de conflits entre parents et adolescent.e.s sont variables et multiples. En effet, la négociation de l’autonomie de l’adolescent.e et des limites de l’autorité parentale passe d’unilatérale (le parent prend en charge les décisions relatives au développement de son enfant) à mutuelle (le parent négocie la prise de décision avec son adolescent.e., afin de tenir compte de son point de vue). 

Ainsi, des désaccords peuvent survenir quant aux limites de la liberté qui est accordée à l’adolescent.e, plus précisément en ce qui a trait aux choix personnels et aux choix parentaux. Les choix personnels de l’adolescent.e concernent par exemple le choix des amis, de son apparence physique ou de ses loisirs, alors que les choix parentaux relèvent de la sécurité de l’adolescent.e, des conventions sociales ou des enjeux moraux. Il est possible que le parent et l’adolescent.e ne soient pas toujours du même avis concernant ce qui relève d’un choix personnel ou parental, ce qui peut occasionner des conflits. 

Gardons tout de même en tête que les conflits sont utiles et nécessaires au développement de l’autonomie : ils permettent de renégocier la relation avec son parent ainsi que les limites parentales. Les conflits favorisent aussi l’affirmation de soi et le développement des habiletés de résolution de conflits ou de gestion des émotions. Ils augmentent typiquement au début de l’adolescence, puis diminuent par la suite. 

Communiquer avec son ado

Certains principes de base en matière de communication peuvent prévenir la survenue de conflits ou diminuer l’intensité de ceux-ci. 

• Fournir des efforts pour comprendre le point de vue de l’adolescent.e : écouter pour comprendre et non pour réagir. Il ou elle se sentira davantage validé.e et accueilli.e dans son vécu.
• Demeurer logique et clair dans les conséquences qui suivent l’action : développer de l’autonomie n’est pas synonyme d’absence de règles et de limites. Il convient de conserver un cadre, tout en donnant des explications rationnelles, par exemple : « c’est important pour moi que… » plutôt que « c’est moi le parent, c’est moi qui décide ». L’adolescent.e risque de ne pas respecter les règles s’il ne les comprend pas. 
• Impliquer l’adolescent.e dans le choix des solutions et dans la négociation des nouvelles limites : s’entendre ensemble sur une façon de faire permet d’impliquer l’adolescent.e dans la recherche de solutions, et augmente ainsi les chances d’obtenir son adhésion. Cette pratique permet aussi de responsabiliser l’adolescent.e et instaure un climat de confiance. C’est, par exemple, de négocier les heures d’entrée et de coucher, les périodes où inviter des amis à la maison, les tâches et les responsabilités de l’adolescent.e ou encore les attentes sur la façon d’exprimer ses émotions ou son désaccord. 
• S’intéresser à ce que l’adolescent.e fait et à ce qui l’intéresse, tout en renforçant ses bons coups. Son parent lui témoigne ainsi son intérêt, sa confiance et l’amour qu’il lui porte. Ces aspects demeurent importants, même à l’adolescence. Ceci permet aussi au parent de demeurer au courant de ce qui se passe dans la vie de son adolescent.e, et d’intervenir au besoin. 
• Quand des conflits surviennent, parents et adolescent.e.s s’assurent d’être calmes, afin d’être à l’écoute l’un de l’autre. Autrement, le conflit risque de dégénérer. Il peut être également aidant de prendre une pause avant de faire un retour sur une situation chargée émotionnellement, par exemple en allant prendre une marche, en pratiquant un sport ou en prenant un moment pour réaliser une activité relaxante chacun de son côté. 
• Lors d’un retour sur une situation conflictuelle, s’assurer d’exprimer son point de vue, ses craintes et ses émotions en évitant d’attaquer ou de culpabiliser l’adolescent.e. Il peut être utile de dépersonnaliser le problème, en nommant les faits, tel que « je pense qu’on n’a pas la même opinion sur… » plutôt que « tu fais toujours à ta tête ». 

Gardons en tête que lorsque des conflits surviennent au cours du développement de l’autonomie de l’adolescent.e, la communication, c’est la clé!

Article rédigé par Sarah-Jessica Dick, étudiante à la maîtrise en psychoéducation

Références

Claes, M. (2014). Les relations entre parents et adolescents. Dans M. Claes et L. Lannegrand-Willems (dir.), La psychologie de l’adolescence (p. 157-183). Presses de l’Université de Montréal. 

Cloutier, R., Drapeau, S, Denault, A-S. et Cellard, C. (2022). Psychologie de l’adolescence (5^e édition). Chenelière éducation.

Tarabulsy, G. (2012). Développement social et émotionnel chez l’enfant et l’adolescent. Tome 2 : Applications pratiques et cliniques. Presses de l’Université du Québec.

Doyon, N. (2020). Comment gérer les conflits avec son ado : 6 règles d’or. Fondation Jeunes en tête. https://fondationjeunesentete.org/trousse-familles/aider-les-jeunes-a-garder-lequilibre/entretenir-une-bonne-communication-parent-adolescent/