Écoute des consignes et respect des règles chez les tout-petits
On aimerait tous et toutes que les enfants sachent écouter les consignes et respecter les règles du premier coup! Ce n’est pas toujours si simple… Il s’agit d’un apprentissage qui peut se révéler plus ou moins exigeant, et ce, pour de multiples raisons. Voyons d’abord ce qui peut amener l’enfant à éprouver de la difficulté à écouter les consignes et à respecter les règles établies. Ensuite, nous considèrerons des stratégies efficaces pour favoriser l’adoption des comportements souhaités.
Pourquoi mon enfant ne répond-il pas à ce qui est attendu de lui?
Il existe plusieurs facteurs explicatifs. De prime abord, il importe de considérer que le cerveau du tout-petit est en développement, ce qui peut avoir des répercussions d’ordre cognitif, émotionnel ou comportemental. Une consigne ou une règle doivent donc être adaptées à la trajectoire développementale de l’enfant. À cela s’ajoute la possibilité que l’enfant soit indisposé par la fatigue, la faim ou un état de santé fragilisé (grippe, rhume ou autres) et ainsi ne pas être en mesure de répondre positivement à ce qui est attendu de lui.
Voici quelques d’exemples. Un enfant pourrait ne pas répondre favorablement à une consigne ou ne pas respecter une règle parce qu’il ne comprend pas ce qui est attendu de lui et non pas parce qu’il veut délibérément désobéir. Il est aussi possible que la consigne ou la règle comporte trop d’informations ou exige une séquence d’actions qu’il est incapable de retenir. Il se peut également qu’il soit distrait par des bruits ou de l’agitation environnante (musique, télévision, autres enfants qui sont autour de lui, etc.). Enfin, dans toutes ces circonstances, il importe de considérer que ses capacités d’attention et de concentration puissent être limitées, du fait de l’immaturité de son cerveau.
Il faut aussi prendre en compte qu’il est plus difficile pour le tout-petit d’écouter une consigne ou de respecter une règle lorsque celle-ci n’est pas appliquée de façon constante dans ses différents milieux de vie (centre de la petite enfance, maison, chez grand-papa ou grand-maman), ou encore par les deux parents. Il est alors difficile pour l’enfant de déterminer ce qui est vraiment attendu de lui. De plus, dans le cadre de son développement, il est tout à fait normal que l’enfant veuille vérifier l’importance de respecter la consigne ou la règle formulée (tester les limites). Avec le temps, la constance et l’usage de consignes et de règles adaptées à son développement vont amener l’enfant à mieux comprendre ce qui est attendu de lui et à se comporter comme souhaité par les membres de son entourage.
Quelles stratégies puis-je mettre en place pour favoriser l’écoute des consignes chez mon enfant?
Quelques principes généraux
Avant de donner une consigne, il peut être pertinent de se demander si l’enfant est réellement disponible pour la recevoir.
- Obtenir d’abord son attention en se mettant à sa hauteur et en s’assurant d’avoir un contact visuel ou physique (par exemple, en lui touchant doucement l’épaule) contribue à attirer son attention et favorise la rétention de l’information liée à la consigne.
- Adapter la consigne à l’âge de l’enfant. Plus l’enfant est jeune, plus les consignes se doivent d’être courtes, afin qu’il soit en mesure de les comprendre. Par exemple, pour un enfant de moins de 3 ans, les consignes qui font référence au temps (« avant d’aller manger, va laver tes mains ») ou qui comprennent une condition (« si tu veux aller dehors, tu dois mettre ton manteau ») peuvent être difficiles à comprendre.
- Donner de l’attention à l’enfant lorsqu’il se comporte bien permet d’encourager les comportements attendus de lui et contribue à développer son estime de soi. Ceci permet de prévenir certains comportements inappropriés comme le non-respect des consignes. Bref, il importe d’éviter de lui donne de l’attention seulement lorsqu’il fait un « mauvais coup » ou qu’il ne respecte pas une règle ou une consigne.
Voyons maintenant deux stratégies plus précises pour favoriser l’écoute des consignes et le respect des règles : la formulation de consignes positives et le respect des 5 « C ».
Privilégier les consignes positives
Formuler des consignes positives permet d’indiquer à l’enfant ce qui est attendu de lui. Par exemple, lorsqu’on dit à l’enfant « ne dessine pas sur les murs » (une consigne négative), il apprend que ce comportement n’est pas permis, mais il n’est pas en mesure d’apprendre le comportement adéquat qui devrait remplacer le comportement inapproprié (dans ce cas, dessiner sur les murs). À l’inverse, si on dit à l’enfant « les dessins, c’est sur une feuille » (une consigne positive), on apprend ici le comportement approprié à l’enfant. Si l’enfant ne connaît pas le comportement approprié, il a peu de chance de l’émettre.
Les consignes positives sont également plus faciles à comprendre pour les tout-petits, chez qui la négation est encore difficile à saisir. De fait, la consigne négative indique seulement ce qu’il ne doit pas faire, sans préciser ce qui est attendu de lui. L’enfant doit le déduire, ce qui, avec son cerveau en maturation, n’est pas toujours une mince tâche! Enfin, choisir de faire systématiquement référence au comportement à éviter peut donner à l’enfant l’impression qu’il ne fait rien de bien et lui donner moins envie de collaborer et d’adopter le comportement attendu.
Quelques exemples de consignes positives
- « Assis-toi sur le divan » plutôt que « Ne saute pas sur le divan »
- « Tu peux jouer avec ce jouet » plutôt que « Ne touche pas à ceci »
- « Marche dans le corridor » plutôt que « Ne cours pas dans le corridor »
Quelles stratégies puis-je mettre en place pour favoriser le respect des règles chez mon enfant?
Principe des 5 « C »
Une autre stratégie efficace pour favoriser le respect des règles consiste à les formuler en s’assurant qu’elles respectent le principe des 5 « C ». Lorsque ces 5 principes sont appliqués, les règles ont plus de chances d’être comprises et respectées par l’enfant.
- Claire : La règle doit être formulée dans des mots que l’enfant comprend. La conséquence doit être connue de l’enfant.
- Concrète : La règle doit exprimer clairement le comportement attendu, et non celui qu’on ne veut pas que l’enfant adopte.
- Constante : La règle doit toujours être appliquée, peu importe l’adulte présent. La conséquence prévue doit toujours être immédiate. Sinon, l’enfant aura tendance à transgresser la règle en se disant qu’il est possible qu’il n’y ait pas de conséquence. C’est généralement le principe le plus difficile à respecter.
- Cohérente : La règle doit pouvoir être appliquée et les parents doivent eux aussi la respecter, car ils représentent des modèles pour l’enfant. Par exemple, si on demande à l’enfant de ranger ses souliers lorsqu’il entre de l’extérieur, les parents doivent être cohérents et le faire eux aussi.
- Conséquente : La conséquence doit être en lien direct avec le comportement de l’enfant, afin qu’il comprenne l’importance qu’on accorde à l’adoption d’un comportement souhaité. Par exemple, si l’enfant lance son bol de céréales, la conséquence naturelle de son geste est de ramasser le dégât, et non d’aller en punition à sa chambre.
Rappelons-nous que chaque enfant est différent et que les besoins qu’il présente peuvent affecter sa disponibilité ou sa motivation à écouter les consignes et à respecter les règles. En misant sur des stratégies positives, on met toutes les chances de notre côté pour établir un cadre sécurisant pour l’enfant et favoriser positivement son développement!
Article rédigé par Sarah-Jessica Dick, étudiante à la maîtrise en psychoéducation.
Références
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